Je déteste les trains

Je déteste les trains où tout est fait pour que les passagers aient les moyens de travailler. Sièges confortables, couleurs neutres, espace feutré. Design étudié, tablettes ergonomiques, prises secteur. On branche les ordinateurs portables et les écrans s’allument. Les visages se ferment et les dossiers s’entassent. On s’affaire consciencieusement, on s’y sent comme au bureau, l’activité des uns et des autres fait ressembler l’endroit à une plate-forme d’entreprise en open space. Fini l’évasion, la respiration permise par le voyage. Adieu paysages et clochers de campagne, envols et divagations de l’esprit en regardant rêveur par la fenêtre. Le temps de trajet doit être rentabilisé : il s’agit à présent de pouvoir bosser ! Au nom du service rendu à l’usager, les conditions sont réunies pour que la personne soit tout entière à sa tâche. Au bureau comme à la ville. A la ville comme sur les rails. Il n’y a plus d’échappatoire.

L’Autrement Dit, Cyril C.Sarot.


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