La vie est là comme une pelouse

Mais voici l’aube, toutes les feuilles ont poussé. A Bagatelle, les magnolias aux grosses fleurs blanches ont l’air fleuris d’œufs à la coque ; et sous les cèdres, les « narcisses incomparables » mettent des flammes jaunes dans l’ombre noire. Rien n’est plus lumineux que la lumière d’une fleur jaune quand elle éclaire un endroit ténébreux.
La nuit d’avril essuie ses brumes et chasse ses songes. Les « petits personnages » s’évaporent.
La vie est là comme une pelouse.

Alexandre Vialatte, Tchin-Tchin, La Montagne, 7 avril 1959.