Ce sera mieux après...

Qu’est-ce que ce sera bien quand tout ce bazar tragique sera terminé, quand nous pourrons serrer des mains, faire des bises, nous coucher à point d’heure, nous balader partout, nous asseoir où nous voudrons avec les distances que nous souhaiterons entre nous ! Inviter les amis autant de fois que le désir s’en fera sentir, se balader dans les rues, regarder les vitrines sans regarder l’heure. Qu’est-ce que ce sera bien quand on pourra librement aller voter, visiter les papys et les mamies, prier, courir, dîner, aller à l’école, aller au spectacle, à la crèche, dans les bois, à la mer, à la Fac. à Paris et ailleurs.

Nous avons réfléchi, (nous avons eu le temps) pendant ces confinements, couvre-feu et autres ‘’réjouissances’’ approchantes ! Durant toutes ces années qui ont précédé ce chaos, étions- nous dans le vrai de nos vies, n’avons nous pas confondu bonheur et progrès ? Il est vrai que le chant des sirènes était doux à nos oreilles. On entendait alors : les progrès amèneront le confort, la sécurité, le bien-être, la facilité, tout sera plus simple, la médecine améliorera la vie, l’information circulera à une vitesse jamais atteinte, la communication, la technique, la transmission de l’image seront sans égales.

En un mot, c’est le bonheur qui nous était annoncé. Voilà qu’aujourd’hui, face à un infime (par la taille) virus, nous devons déchanter et réfléchir. Où est la faille ? Pourtant, force est de constater que ces progrès, justement, sont considérables, inouïs durant cette révolution industrielle. En cent ans, l’avancée réalisée dans la plupart des domaines est supérieure à tout ce qui a été fait durant les millénaires précédents. J’exclus de cette remarque les gigantesques bouleversements des découvertes du feu du temps de l’ Homo Erectus, de l’élevage et de l’agriculture par notre ancêtre l’ Homos Sapiens qui succède aux chasseurs cueilleurs d’il y a 10 000 ans. Ce n’est pas terminé, sur sa lancée, le progrès va sûrement s’accentuer encore. Un exemple frappant de ce changement concerne notre longévité, et ce, malgré une tendance à dénoncer le fait que l’on mange mal ! Bien sûr, moi comme d’autres je reconnais les bienfaits de la science, de la recherche, concernant la santé et les découvertes en tous genres : technique, scientifique, spatial, génétique, physique etc.
Mais, que l’on m’ôte d’un doute, je me surprends à ne parler que de progrès techniques !

Pourtant, c’est sûrement là que le bât blesse. Parallèlement à tous ces progrès, avons-nous changé fondamentalement ? Nous sommes-nous améliorés ? Nous connaissons-nous mieux nous-mêmes ? Sommes-nous capables de plus réfléchir, savons nous mieux penser, méditer, prévoir, discerner ?
Qu’est-ce qui a pris le dessus dans ce monde où nous vivons ? Qu’on ne me réponde pas : l’égoïsme, l’argent, la réussite matérielle, l’apparence, la mode, le profit, le bling bling, je serais trop déçu d’entendre ça, parce que je suis de ce monde là, je vis dedans, j’en fais partie, je subis les mêmes influences et j’en actionne les mêmes leviers dans la vie de tous les jours.

Je ne suis pas le dernier à prendre ma voiture beaucoup plus qu’il ne le faudrait, à abuser de l’eau qui coule des robinets, à allumer tant de lampes dans la maison, etc. etc. Mais avouez : c’est tellement agréable et puis on m’avait dit, tout ça, c’est sans limite, c’est le progrès, c’est le bonheur !

Mais, après réflexion, (ou plutôt après l’arrivée de la pandémie) ce n’est pas que tout cela le bonheur, le bonheur réside surtout dans l’énumération du début de mon texte, de tous ces faits et gestes de la vie. Ne faisons pas fausse route parce que finalement, ‘’le bonheur, ça tient à rien ‘’ !

Le bonheur dans le Sinaï peint en bleu (Photo JL Gironde)