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Le Garçu

Maurice va naître à Cunlhat en 1925, dans une grande maison située dans l’actuelle rue du 8 mai. L’aisance relative de sa famille ne durera pas et en 1927, ils partent s’installer dans la région parisienne. Ce n’est qu’en 1940 qu’ils reviendront quelques temps à Cunlhat… puis en 1947 car sa mère malade pense que l’air auvergnat pourrait lui être salutaire. La famille Pialat pose donc de nouveau ses valises à Cunlhat, rue de la Poste, ce qui ne rend pas forcément enthousiaste le jeune Maurice.

Embauché par un laboratoire pharmaceutique lyonnais, Maurice Pialat va débuter professionnellement comme visiteur médical pendant cinq ans, où il sera amené à parcourir le Puy-de-Dôme.
En 1949 il épouse Micheline et passe de temps à autre à Cunlhat. Ils etourneront en région parisienne de manière définitive en 1952 où il deviendra
représentant chez Olivetti puis il enchaînera des emplois d’assistant ou de monteur pour le cinéma et la télévision.

C’est pendant cette période qu’il tournera son premier court-métrage : Isabelle aux Dombes et qu’en 1953 il filmera le Congrés Eucharistique Diocésain et le voyage de l’évêque de Clermont-Ferrand à Cunlhat (disponibles dans les DVD édités chez Gaumont en 2005). Sa réalisation du court-métrage L’amour existe lui vaudra une commande de la part de Pathé : une série de courts-métrages consacrés à la Turquie, puis sur la France (Les Chroniques de France).
Mais c’est son film L’enfance nue en 1969 qui va le révéler au grand public, suivi de la série télévisée commandée par l’ORTF, La maison des bois. Deux films plus ouvertement autobiographiques Nous ne vieillirons pas ensemble et
La gueule ouverte clôtureront la trilogie de Pialat sur l’enfance, le mariage et la mort. Après Passe ton bac d’abord en 1978, s’installeront des fidélités avec des acteurs comme Gérard Depardieu ou Sandrine Bonnaire dans les films Loulou en 1979 puis A nos amours en 1983, Police en 1985, et Sous le soleil de Satan qui lui vaut la Palme d’Or sous les sifflets en 1987.

C’est aussi l’année où Maurice Pialat va se remarier avec Sylvie Danton, originaire de Charbonnières-les-Vieilles (près de Riom)… Au sommet de son art, il réalisera Van Gogh en 1991.

Pour ce qui sera son dernier film, le célèbre réalisateur a donc décidé de revenir sur sa terre natale pour tourner plusieurs scènes du Garçu, le sobriquet de son père, Antoine Roger, lorsqu’il y tenait une mercerie. Il rend aussi un hommage
à son grand-père, Maurice, mort accidentellement lors du déchargement de billes de bois à la gare de Giroux lors d’une scène où Gérard (joué par Gérard Depardieu) explique cette histoire à Sophie (jouée par Géraldine Pailhas) sur la route de Domaize.

Le Garçu a été en effet tourné en partie sur la commune de Cunlhat où l’équipe du film s’est installée pendant près de deux mois, en hiver 1994, pour un tournage proprement dit d’une quinzaine de jours à la maison de retraite, au café Puissocher, sous la halle de la mairie, sur la route de Domaize, et dans la cour d’une ferme dans le hameau d’Omaly. De nombreux Cunlhatois apparaissent d’ailleurs dans son film.
Quelques scènes d’intérieur ont aussi été tournées à l’Archou, sur la commune de St-Jean-des-Ollières mais certaines n’ont pas été montées.
Le rapport je t’aime, je te hais, entretenu savamment par Pialat tout au long de sa vie, fait dire à son double, Gérard Depardieu, lorsque le pompiste lui demande s’il revient au pays : « Ah non, certainement pas, c’est trop laid, trop de sapins… ».
Quelques scènes auparavant il lui faisait dire aussi : « Finalement je n’ai jamais connu mon pays… Jamais plus je ne reviendrai… ». Ce qui fut effectivement le cas…

Malgré tout, un des grands regrets du réalisateur fut de ne pouvoir adapter le roman de Lucien Gachon Maria, pour des raisons essentiellement financières : « L’oeuvre admirable de Lucien Gachon ne me quitte pas » avouait-il à L’Auvergnat de Paris. Il disait aussi à propos de cet hypothétique film : « Je tournerai à Cunlhat, ça fera chier le tout-Paris »…
En octobre 2004, la municipalité de Cunlhat lui dédie une place, non loin de la maison de ses grands-parents, les deux femmes officielles de sa vie (Micheline et Sylvie) et son fils (Antoine) feront le déplacement.

Informations tirées des articles suivants : « Maurice Pialat, Auvergnat de Cunlhat » par Henri Ponchon ; La Gazette d’Ambert : article du 16/01/2003 « Pialat : mort d’un garçu » par Isabelle Besse ; La Montagne Ambert : article du 12/01/2003 « Maurice Pialat : le garçu de Cunlhat » par Caroline Freyssinge ; La Montagne Ambert : article du 11/01/2013 « Flashback sur Pialat en Livradois » par Véronique Lacoste-Mettey.
Remerciements à Robert Gidon pour ses précisions.

Le Garçu est le dernier film de Maurice Pialat, tourné à Cunlhat. Article publié dans CentralParc avril 2013. Informations collectées par Christophe Jeanpetit, Directeur de Ciné Parc.